
(le JPB) Une feuille de route sur douze points pour créer les conditions du dialogue politique
28/05/2013
Goizeder TABERNA
Au Pays Basque, des voies novatrices intéressantes sont expérimentées, des alternatives aux processus classiques de négociations autour d’une table, d’après Andy Carl, représentant des experts internationaux qui suivent le processus de paix au Pays Basque. Hier, il est apparu accompagné par les membres de Bake Bidea et de Lokarri. Ensemble, ils ont présenté une liste de recommandations pour “impulser le processus de paix au Pays Basque”, une sorte de feuille de route pour créer les conditions du dialogue.
Ils l’ont fait à Aiete, dans ce lieu de Donostia hautement symbolique depuis la déclaration du 17 octobre 2011, prononcée par des personnalités internationales, l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan en tête. Hier, Andy Carl a représenté le groupe de spécialistes en résolution de conflits (parmi lesquels le Finlandais Aaro Suonio, qui présida la commission de désarmement en Irlande du Nord) qui a participé à l’élaboration des douze recommandations.
Un texte inspiré des centaines de contributions de citoyens lambda, recueillis lors des forums sociaux d’Iruñea et de Bilbo de mars dernier, organisés par Lokarri (voir éditions des 13 et 16 mars 2013). Elles sont résumées en douze points et ordonnées en quatre parties : démantèlement et désarmement ; prisonniers et exilés ; droits humains ; enfin, vérité et mémoire (voir encadré).
Créer les conditions du dialogue
“On s’est d’abord attaqués aux conséquences du conflit [pierre d’achoppement du processus]. Une fois que nous aurons créé les conditions du dialogue, du ‘vivre-ensemble’, la seconde étape sera les racines du conflit”, explique Peio Dufau, membre de Bake Bidea. Un processus mis en place sous la supervision “de médiateurs internationaux”.
Malgré les obstacles constatés autour des conséquences du conflit, P. Dufau reste confiant : “Dans d’autres processus de paix, comme l’irlandais et le sud-africain, des années de ralentissement ont précédé des avancées : les spécialistes parlent de ‘sas de décompression’.”
Pour créer les conditions de nouvelles avancées, Lokarri, Bake Bidea ainsi que le groupe d’experts, comptent sur la société basque. “Le ‘vivre-ensemble’, c’est au Pays Basque que nous devons le construire, nous nous adresserons ensuite aux deux États impliqués dans le conflit”, insiste P. Dufau.
À cet effet, des réunions sont prévues, au Pays Basque Sud comme au Nord, avec les différents acteurs. Partis, élus, institutions seront contactés, dont le gouvernement de Gasteiz, pour évoquer avec eux les douze recommandations, “pour que nous fassions le chemin ensemble”, comme le dit P. Dufau.
Le gouvernement de la Communauté autonome basque, précisément, a été le premier à réagir hier. Il a salué les “avancées” que représentent les conclusions du forum social. Dans un communiqué, il a précisé : “Elles constituent une contribution pour tenter de faire de petits pas dans la consolidation de la fin de la violence d’ETA et de la normalisation sociale du ‘vivre-ensemble’.
Le “vivre-ensemble” en douze points
La feuille de route présentée hier propose la définition d’un processus contrôlé, ordonné et consensuel, qui aboutisse à l’abandon des armes et au démantèlement des structures militaires d’ETA. Cela sous l’œil d’organismes indépendants.
Concernant les prisonniers et les Basques ayant été contraints à s’exiler, il est évoqué la possibilité d’adapter “la légalité à la réalité”, en commençant par les aspects qui bafouent les droits humains (malades, condamnations accomplies, dispersion…). Un processus qui serait individuel et qui exigerait des prisonniers leur engagement en faveur du processus et la reconnaissance des torts causés.
Dans la troisième partie, le document propose des réformes législatives qui garantissent les droits humains, que la justice s’applique en adéquation avec le nouveau contexte et que le nombre d’agents de police et de militaires s’adapte à ce même contexte.
Enfin, dans la partie relative à la vérité et à la mémoire, le texte conseille d’aborder les faits et leurs causes, les reconnaître et apporter réparation à toutes les victimes du conflit.