22 AOÛT 2014 À 23:21. AFP

Le processus de paix en Colombie est entré dans un «moment décisif» après la formation d’une «sous-commission» chargée de préparer le cessez-le feu et le désarmement de la guérilla des Farc, a estimé vendredi le chef de la délégation gouvernementale aux pourparlers à Cuba. Avec la formation de ce groupe de réflexion comprenant des représentants de la rébellion marxiste et du gouvernement, «nous sommes entrés dans un moment décisif du processus. Il existe de sérieuses possibilités d’en finir avec le conflit», a assuré Humberto de la Calle à La Havane.

L’ex-vice-président colombien s’exprimait à la presse en marge des pourparlers de paix engagés en novembre 2012 à Cuba entre Bogota et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). «Nous avons mis en place cette semaine trois mécanismes d’une énorme importance qui vont renforcer et orienter le travail des délégations dans cette phase décisive», a-t-il poursuivi, se référant également à la création jeudi d’une commission sur l’histoire du conflit et aux premières auditions de victimes conduites à La Havane. Toutefois, a-t-il prévenu, il ne s’agira pas pour cette sous-commission de «négocier» le cessez-le-feu, mais simplement d’en dessiner les contours. Ce sera ensuite aux délégations plénipotentiaires d’engager des négociations sur ce thème. «La force publique continue à agir sur tout le territoire national» contre la guérilla, a insisté M. de la Calle.

De son côté, le chef négociateur et numéro deux des Farc, Ivan Marquez, a souligné que le fait que les parties s’asseoient «pour la première fois» autour d’«une table pour évoquer la fin du conflit «dans des conditions égales» revêtait à ses yeux une«valeur indéniable». Le cessez-le-feu, inexistant sur le terrain, demeure l’un des grands défis à relever pour les négociations de paix, qui ont déjà permis de nouer des accords partiels sur trois points: le développement rural, la participation de la guérilla à la vie politique après la conclusion d’un accord général et la lutte contre le trafic de drogue. Restent à discuter de la fin effective du conflit et des modalités de ratification d’un éventuel accord de paix global. Le prochain cycle de discussions s’ouvrira le 1er septembre.

Fondée le 27 mai 1964 dans la foulée d’une insurrection paysanne, la guérilla des Farc compte encore, selon les autorités, près de 8 000 combattants. Le conflit interne colombien, le plus ancien d’Amérique latine, a fait en un demi-siècle plusieurs centaines de milliers de morts et 5 millions de déplacés, mêlant l’armée à des guérillas, des milices paramilitaires – dissoutes depuis 2006 – et des bandes criminelles. Le gouvernement du président Juan Manuel Santos, dirigeant de centre droit réélu le 15 juin pour un second mandat de quatre ans, a également amorcé un dialogue avec l’Armée de libération nationale (ELN), l’autre rébellion d’extrême gauche encore en activité en Colombie.