(EHkZ) « Il est important que les générations qui n’ont pas vécu ou connu le conflit, soient quand même informées de l’histoire de ce conflit »

25/02/2014
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Entrevue | 25 Février 2014, 15:00

Bake Bidea et Lokarri ont voulu renouveller l’expérience d’un forum pour la paix à Bayonne. Trois ans après la conférence internationale d’Aiete et quelques jours après l’annonce publique du début du désarmement d’ETA, Maitena Tikoipe, membre de Bake Bidea élargit les horizons du forum du 1er mars prochain.

Tout d’abord, comment est né le mouvement Bake Bidea et quels sont ses objectifs?

Bake Bidea est officiellement né en 2012 même si son travail avait commencé en 2010 avec une campagne contre le mandat d’arrêt européen et pour demander la mise en place d’un processus démocratique de résolution du conflit au Pays Basque. En 2011, après la conférence d’Aiete en faveur du processus de paix et en présence de grandes personnalités internationales comme Kofi Annan ou Gerry Adamas, il a fallu monter un mouvement de la société civile.

L’idée c’était d’être le plus représentatif possible des différentes composantes de cette société civile engagé dans le processus de paix. La première campagne a – malheureusement – été celle d’Aurore Martin et la deuxième l’organisation d’un premier forum pour la paix. Aiete a été un moment historique : on y a affirmé officiellement que le Pays Basque vivait un conflit et que la France comme l’Espagne étaient concernées.

On s’est alors demandé comment retranscrire cette conférence ici en Iparralde. Que pouvons-nous faire avec l’Etat français ? Ca a été un pas important. Deux ans après, ETA a fait un pas en laissant la lutte armée, mais aujourd’hui que pouvons nous faire pour laisser derrière nous le blocage et faire un nouveau pas? Pour moi, il est évident que chaque processus de paix est différent et chacun doit trouver son rythme et sa voie.

Vous affichez comme ambition d’être le plus représentatif possible de la société civile alors justement, quelle place ont les jeunes ?

Bon, nous ne sommes pas nombreux, nous sommes trois. Mais il faut dire que ce mouvement est lui-même assez jeune et que nous travaillons quotidiennement pour nous diversifier le plus possible. Bien évidemment les jeunes ont leur place dans ce processus.

 

Quand on voit les grands noms présents lors de la conférence d’Aiete et l’aspect très officiel de ce qui se joue autour de ce processus de paix, les jeunes peuvent se sentir exclus ou être dissuadés de s’engager. Que peux-tu leur dire à ce sujet?

Je comprends que les jeunes puissent se demander « Quel rôle pouvons-nous avoir là dedans? », « Ca se passe un peu sans nous » mais justement c’est aussi ce qu’il y a de nouveau par rapport au premier forum. Les droits de l’homme dépendent de tout le monde, de toute personne qui a envie de s’impliquer.

Notre travail sera de voir aussi comment on peut rapprocher cette problématique de la jeunesse. On l’a déjà observé dans d’autres processus, il est important que les générations qui n’ont pas vécu ou connu le conflit, soient quand même informées de l’histoire de ce conflit et qu’ils comprennent l’importance des étapes actuelles et de ce qu’elles pourront amener dans le futur pour la paix. Je conçois que ce soit un peu conceptuel dit comme ça. Peut etre que nous devons mieux penser notre communication envers les jeunes. Ils ont des idées sur ce que l’on pourrait faire et sur comment inciter d’autres personnes à se méler à cette réflexion.

Pour sortir du conceptuel, quel rôle pourraient concrètement jouer les jeunes?

Concrètement, pour moi, les jeunes pourraient avoir le rôle de répandre le débat dans les endroits fréquentés par les jeunes. Amener la discussion est primordiale. Ils peuvent également organiser des mobilisations contre les attaques contre les droits de l’homme, etc. De toute cette dynamique, de nouvelles idées peuvent sortir. Les jeunes ont de l’énergie et ils ont beaucoup de possibilités pour se mobiliser.

Il est évident que la nouvelle génération n’a pas vécu les choses de la même façon que les plus âgés mais, encore aujourd’hui, il y a des exemples de la logique de répression, on ne parle pas de choses anciennes et révolues. En Hegoalde, il y a toujours des attaques contre des organisations de jeunesses. Encore aujourd’hui des jeunes, en Europe, vont devant les tribunaux, en prison ou se font torturer. S’ils n’ont pas vécu de près le conflit, les jeunes peuvent toujours voir ça.

Un mot à propos du forum du 1er mars?

On espère justement que les jeunes viendront amener leur idées neuves pour mener à bien ce processus démocratique non seulement le 1er mars (inscriptions sur le site internet www.bakebidea.com) mais aussi dans le futur.

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