Bake Bidea s’arrête, mais l’engagement pour la paix et la dignité continue !

Pour ce dernier forum de Bake Bidea « Sur le chemin d’une paix juste et durable. 2011-2025 Bilan et étapes à venir », la société basque dans toute sa diversité a tenu à être présente, et à accompagner cette transmission. L’assemblée réunie incarnait cette pluralité de la société civile, mais aussi la pluralité des mouvements sociaux, syndicaux et politiques du Pays Basque.

C’est par un mot d’accueil de sa présidente Anaiz Funosas que cet ultime forum a débuté :

« Ce forum est un temps pour se rappeler, mais aussi pour passer le relais. Un relais que l’on passe à celles et ceux qui reprennent notre travail, à toutes les consciences éveillées ».

Et de rappeler,« Depuis 2012, Bake Bidea a été un espace de rencontre, de parole libre et de mobilisation. Ici, nous avons réfléchi, construit, agi. Ici, la société civile s’est levée pour que la paix devienne une réalité concrète, pas un simple mot. »

C’est par une vidéo de Véronique Dudouet (Fondation Berghof) abordant les enseignements du processus de paix au Pays Basque, que le forum s’est poursuivi. Pour elle, ce processus de Paix au Pays Basque incarne le fait que « l’intérêt commun au service de la paix transcende les opinions personnels et les clivages personnels ». Mais elle souligne que ce processus doit se poursuivre car « le dialogue ne s’arrête pas lorsque les armes se taisent ». « Le processus de paix mené ici est devenu un modèle à étudier, l’approche basque par l’unilatéralité est aujourd’hui étudiée jusqu’au l’ONU et pourrait aider à la résolution d’autres conflits comme en Thaïlande ou pour les Kurdes. »

Mémoire, vérité et reconnaissance des victimes.

Ensuite, analyse Jean-Pierre Massias (Professeur de droit public à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et Président de l’IFJD – Institut Louis Joinet) a partagé les enseignements qu’il a tiré de ce cycle et les enjeux de demain.

Apres une analyse précise et concise de ce processus de paix, de ses spécificités, il s’est attelé à définir les défis à relever pour approfondir une paix juste et durable : l’évolution de la représentation institutionnelle du Pays Basque, la consolidation et l’approfondissement du processus de paix. Le défi de la socialisation du processus de paix, pour que la société s’en approprie la philosophie. Pour cela la recherche de la vérité est nécessaire, car pour faire la paix , il faut savoir la vérité, une mise en place d’une commission vérité est donc nécessaire. La reconnaissance de l’intégralité des violences qui ont été subis. La mémoire est un pilier, un enjeux fondamental. Toutes les mémoires doivent pouvoir s’exprimer. Elles doivent dialoguer pour essayer de s’unifier. Car la frustration est une véritable bombe à retardement.

Jean Pierre Massias a tenu à remercier Bake Bidea pour la décision de donner à l’Institut Louis Joinet la gestion de ses archives. Mais aussi d’en faire donc son héritier tant dans cette nécessité de socialisation du processus de paix, que dans la perspective de la mise en place d’une Commission Vérité.

Enfin, l’institut a ainsi commencé la rédaction d’un rapport et s’engage à le présenter dans un an.

Table ronde : Regards d’élus et d’acteurs politiques du Pays Basque. Chaque intervenant a présenté un bilan depuis la conférence d’Aiete, et la fondation de Bake Bidea à nos jours . Puis leur vision des perspectives du processus de Paix.

Jean-René Etchegaray ( Président de la Communauté d’agglomération Pays Basque et Maire de Bayonne) , Frédérique Espagnac ( Sénatrice des Pyrénées-Atlantiques et Conseillère Régionale de la Nouvelle Aquitaine) , Max Brisson ( Senateur des Pyrénées-Atlantiques et Conseiller Départemental du canton de Biarritz), Alain Iriart ( Maire de Saint-Pierre d’Irube et Conseiller Délégué de la Communauté d’Agglomération Pays Basque) , Alice Leiciagueçahar ( ancienne Conseillère Régionale de la Nouvelle Aquitaine). Modérateur : Mathieu Boloquy (Bake Bidea).

Lecture Déclaration du 6 juin 2025.

Béatrice Molle Haran (Artisan de la Paix ) et Anaiz Funosas ( Bake Bidea). Vous trouverez ci-jointe cette déclaration et ses signatiares.

Mot de fin de la présidente de Bake Bidea

Anaiz Funosas a clos ce forum reprenant les fondements de l’action de Bake Bidea et les différentes moments clefs du processus de paix, dont le désarmement d’ETA du 8 avril 2017, moments clefs auxquels Bake Bidea a œuvré tout au long des ces dix dernières années. Actant les avancée sur la situation des prisonnier·es et des exilés, sur la reconnaissance des victimes de toutes parts et sur la mémoire collective.

« C’est avec beaucoup d’émotion, une émotion profonde et partagée, qu’aujourd’hui Bake Bidea , après plus de treize années d’existence, met fin à son activité. C’est une décision lourde, mais une décision mûrement réfléchie ».
Et de rappeler ainsi : « Il y a plus de dix ans, nous avons choisi de marcher ensemble, avec détermination et humilité, pour contribuer à construire une paix juste et durable en Pays Basque. Ce chemin, nous l’avons emprunté avec la conviction que, face au silence et à l’immobilisme, la société civile pouvait être un levier de transformation ».

« Cette décision n’est pas un renoncement. C’est au contraire un acte de responsabilité. Nous faisons le choix de rendre possibles de nouveaux espaces, de nouvelles dynamiques. Les besoins d’aujourd’hui ne sont plus tout à fait ceux d’hier. Et c’est à d’autres de les incarner, d’autres formes à inventer, d’autres voix à faire entendre. Ce passage de témoin est notre dernière responsabilité »

Anaiz Funosas a remercié au nom de Bake Bidea toutes celles et ceux qui ont rendu ce parcours possible. Les Artisans de la Paix, les élu·es engagé·es, les familles des prisonniers et des exilés, les victimes de tout bord ou encore aux collectifs des prisonniers et exilés qui ont cru en notre sincérités, les soutiens de l’ombre, les citoyennes et citoyens mobilisé·es.

Avec une mention particulière pour Ligue des Droits de l’Homme, les juristes, avocats et défenseurs du droit, les alliés internationaux, les membres de Lokarri et du Forum social Permanent, et une pensée pour celles et ceux qui nous ont quittés durant ces années.

Ici la déclaration du 6 juin et ces signataires, lu pendant le forum.

La vidéo de ce forum sera bientôt sur notre canal Youtube.

Dans les prochains mois Bake Bidea va s’atteler à fermer sa structure :

• Ordonner ses archives et à les déposer. Nous sommes en train de rédiger un livret / récit de notre parcours et celui du processus de paix .

• Dissoudre l’association : nous avons d’ores et déjà décidé que les fonds qui nous restent seront distribués à l’ IFJD -Fondation Louis Joinet et à Harrera.

   

Afin de mettre en place cette transmission, Bake Bidea a mandaté un groupe de 4 personnes, Anaiz Funosas, Garbine Eraso, Mathieu Boloquy et Emilie Martin.