Relaxe exigée pour les Artisans de la Paix ! Konpondide osoa!

18/03/2024

Plus de 7 ans après, nous voilà réunis à Louhossoa, dans le lieu où le 16 décembre 2016 s’est réalisée la première action de désobéissance civile dans le cadre du processus de paix. Initiée par Michel Berhocoirigoin, Michel Bergouignan, «Txetx» Etcheverry et Michel Tubiana en présence de Béatrice Molle-Haran et Stéphane Etchegaray qui justifiaient leur acte de désarmement d’une partie de l’arsenal d’ETA par leur volonté de «contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays basque».

Michel Berhocoirigoin, Michel Bergouignan et Michel Tubiana sont hélas depuis décédés et nous ne les oublions pas !

Le pouvoir judiciaire, lui non plus n’oublie pas et de façon aveugle et sans tenir compte de la transformation du contexte que vit le Pays Basque, a décidé de poursuivre en correctionnelle Béatrice et Txetx, les 2 et 3 avril prochains, 7 ans et demi après les faits.

7 ans et demi après les faits, et ce malgré l’effet indiscutablement positif de l’acte auquel ils ont participé pour relancer un processus de paix, alors enlisé.

En effet, en 2011 l’organisation ETA annonce un cessez-le-feu permanent, général et vérifiable, puis répondant à la déclaration d’Aiete, la fin définitive de sa lutte armée. Une situation inédite apparaît : un groupe armé accepte, de manière unilatérale, de s’engager dans la voie du dialogue.

Malgré cela, les gouvernements français et espagnols refusent cette médiation internationale proposée à Oslo.

En 2014, la déclaration de Bayonne signée par les représentants politiques du Pays basque Nord. Elle acte le consensus inédit.

En 2015, représentants politiques et de la société civile du Pays Basque portaient d’une même seule voix, la déclaration de Bayonne à Paris.

Les conditions d’un désarmement négocié et sécurisé ne sont toujours pas réunies, et en l’absence d’initiative et de courage politique des États concernés , le processus de paix s’enlise.

Survient alors l’initiative de Louhossoa, action déterminante dans la relance du mouvement vers la paix : elle était attendue et répondait à un besoin prégnant. Elle avait pour volonté de construire un cadre de paix durable en évitant toute forme d’humiliation, d’esprit de revanche.

Cette action a suscité un élan collectif qui s’est concrétisé, par la journée du désarmement du 8 avril 2017.

Nous sommes ici pour réaffirmer haut et fort notre soutien indéfectible à Txetx et Béatrice, mais aussi, à Michel Berhocoirigoin, Michel Bergouignan et Michel Tubiana qui malheureusement nous ont quittés trop tôt.

Nous sommes ici, comme il y a plus de 7 ans, pour vous dire Milesker ! Cette prise de risque et cette détermination nous ont amené toutes et tous, et au-delà du désarmement, à franchir des étapes essentielles. Cette initiative, plus que nécessaire, a permis de concrétiser la feuille de route d’Aiete !

Il s’agissait d’une véritable nécessité face au mur d’indifférence, que Paris avait érigé en se murant dans le silence, qui a ainsi été battu en brèche !

Le 18 janvier dernier, nous avons lancé une campagne de soutien pour ces deux artisans de la paix. Pour signifier aux autorités judiciaires et au gouvernement français l’incompréhension que suscite cette comparution .

5000 citoyens ont signé l’appel demandant leur relaxe, dont 8 anciens ministres, près de 35 parlementaires, des dizaines de maires. S’y sont joints des personnalités de toute la société civile de l’hexagone, des intellectuels, des syndicalistes…

Toutes les sensibilités politiques et les élus représentants des collectivités de notre territoire, attentifs au respect des droits de l’homme et de la vie démocratique, s’y sont associés.

L’appel est clair: relaxe pure et simple de Txetx et Béatrice pour pouvoir enfin ouvrir définitivement une nouvelle page en Pays Basque !

Plus encore qu’un soutien, nous voulons y voir la légitimation d’un engagement, la reconnaissance d’une courageuse prise de risque, d’un chemin parcouru.

Celles et ceux (élus comme simples citoyens) qui se sont exposés en affrontant un passé, en en soldant les conséquences, et qui continuent à construire un autre avenir pour le Pays basque n’ont pas leur place à la barre d’un tribunal.

Aujourd’hui, le vrai risque, ce serait l’inaction, le mutisme, l’absence de gestion politique de l’État et ses dirigeants face à la réalité actuelle du Pays basque !

Nous appelons toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans l’Appel pluraliste “Relaxe pour ouvrir définitivement une nouvelle page en Pays Basque ! “ à se rassembler le mercredi 3 avril, devant les mairies de Mauléon, St Jean Pied de Port, Bayonne, San Sebastian, Bilbao, Gasteiz et Pampelune, pour demander ce signal fort et cette validation du pari fait pour une paix durable en Pays Basque.

Suite à ce procès qui constitue une étape dans notre effort continu à maintenir un débat démocratique et un espace de dialogue en Pays Basque, nous ouvrirons de nouvelles perspectives qui s’attacheront à la résolution intégrale des conséquences du conflit armé. Nous tournerons nos regards vers l’avenir par l’engagement citoyen et l’intelligence collective !

Relaxe exigée pour les Artisans de la Paix ! Konpondide osoa!

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