(Le Monde) Libéré, Gerry Adams dénonce un « mauvais signal » pour la paix en Irlande du Nord

Le dirigeant du Sinn Fein est sorti dimanche de quatre jours de garde à vue à propos d’un meurtre commis par l’IRA en 1972. | Reuters/PAUL HACKETT
Le dirigeant républicain Gerry Adams a été remis en liberté, dimanche 4 mai au soir, après quatre jours de garde à vue en Irlande du Nord à propos d’un meurtre commis par l’IRA en 1972. Son dossier va être transmis au procureur, a précisé la police dans un communiqué. La police avait le choix entre libérer Gerry Adams, l’inculper ou demander une nouvelle prolongation de la garde à vue.
Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le
sa sortie de garde à vue, Gerry Adams a critiqué la manière dont la police d’Irlande du Nord a géré son arrestation. « Ceux qui ont autorisé [cette arrestation] n’ont pas pris la bonne décision stratégique, a dit M. Adams lors d’une conférence de presse au Balmoral Hotel à Belfast. C’est absolument un mauvais signal. »
Il a également critiqué le moment choisi pour son arrestation, dicté selon lui par des « motivations politiques », en pleine campagne de son parti pour les élections européennes, alors qu’il s’était déclaré disponible pour un interrogatoire voici deux mois. « Ils n’avaient pas besoin de faire cela en pleine campagne électorale, je les avais contactés il y a deux mois », a-t-il dit. « Je soutiens que ceux qui ont autorisé mon arrestation et ma détention auraient pu s’y prendre autrement », a-t-il déclaré devant la presse, assis à la tribune à la droite du vice-premier ministre d’Irlande du Nord, Martin McGuinness.
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ENLÈVEMENT ET MEURTRE DE JEAN MCCONVILLE
Le dirigeant républicain, âgé de 65 ans, qui est aussi député en République d’Irlande, était entendu depuis mercredi soir par les enquêteurs chargés d’élucider l’enlèvement et le meurtre en 1972 de Jean McConville. Cette protestante et mère de 10 enfants, âgée de 37 ans, avait été enlevée devant ses enfants par l’IRA, qui la soupçonnait, à tort, d’être une informatrice des autorités britanniques. Elle avait été exécutée et son corps n’avait été retrouvé qu’en 2003, enfoui dans le sable sur une plage du comté de Louth en République d’Irlande.
Gerry Adams dément fermement toute implication dans ce crime et a toujours nié avoir appartenu à l’Armée républicaine irlandaise (IRA), dont le Sinn Fein a été l’aile politique. Le président du parti a déclaré dimanche que l’essentiel des accusations portées contre lui provenaient d’articles de presse, de livres ou de photos. Ces accusations s’inscrivent, a-t-il dit, dans le cadre d’une « campagne malveillante, mensongère et sinistre ».
Seize ans après les accords de paix, l’Irlande du Nord se retrouve donc confrontée à un lourd passé, qui a fait 3 500 morts entre 1969 et 1998, et qu’elle n’arrive pas à gérer. L’arrestation de Gerry Adams a provoqué une crise entre les nationalistes catholiques du Sinn Fein et les protestants du DUP (Parti unioniste démocrate) du premier ministre nord-irlandais Peter Robinson, avec lesquels ils partagent le pouvoir.