Chaîne humaine

Orain presoak ! Maintenant les prisonnier.e.s

8 juin 2019 Biarritz

Co-organisé avec Les Artisans de la Paix


 

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Prise de parole de la chaîne humaine.

Le 8 décembre 2017, nous étions 10 000 dans les rues de Paris pour
dire « Orain presoak ! – Maintenant les prisonniers !». Le 12 janvier
2019, nous étions 9 000 dans les rues de Bayonne avec le même
message. Et aujourd’hui, nous sommes aussi des milliers ici à Biarritz,
ville sous les projecteurs de l’actualité, pour rappeler à nouveau, aux
plus hautes autorités, que le processus de paix passe par la case
« prisonniers ».

Il n’agit pas là d’une obsession… Notre seule obsession, c’est la paix.
Pas la paix qui se limite au silence des armes, mais la paix qui rend
possible le vivre ensemble. La paix qui permet, à partir d’un passé
douloureux qui a divisé, de construire un avenir commun apaisé,
démocratique, respectueux des droits humains. Ce long chemin,
libérateur mais o combien exigeant, est basé sur la reconnaissance de
toutes les victimes et leur droit à la vérité. Cela a été fortement exprimé
hier soir : cet exercice de vérité, voire de réparation de ce qui, de
toutes façons, restera malheureusement irréparable, est un long
chemin, un très long chemin: toutes les expériences à travers le monde
nous l’enseignent. Il faut espérer, persévérer, rester fidèle au cap, et
éviter toute dérive.

Pour que nous puissions avancer sur ce chemin, il faut avancer de
façon équilibrée, sur les deux éléments constitutifs du processus de
paix : la question de toutes les victimes et nous venons d’en parler,
mais aussi la question des prisonniers. Il n’est pas possible d’aller
jusqu’au bout de l’exercice de vérité et de réparation alors que les
politiques pénitentiaires n’évolueraient pas. Ce n’est pas une question
de négociation ou de contre partie, c’est une question de viabilité du
processus : les dynamiques de construction ou de destruction
s’autoalimentent. Nous pourrions presque dire que ce sont là des
réalités mécaniques, ici et ailleurs.

C’est la raison pour laquelle nous voulons alimenter le cercle vertueux
de ce processus de paix atypique. Nous croyons en une dynamique
interactive : chaque nouveau pas réalisé valide le pas précédemment
effectué, et ouvre la voie au pas suivant. C’est dans cette dynamique
que se fonde notre espérance. C’est ainsi que ce qui reste à faire
donnera tout son sens à tout ce qui a déjà été réalisé.
Nous le répétons donc : Les prisonniers maintenant !
Moins de deux ans après le début des discussions avec le ministère de
la justice, des choses ont bougé, un paysage nouveau s’est dessiné :

Un problème qui n’existait officiellement pas hier est devenu une
question à régler ! Des prisonniers ont été rapprochés, d’autres
rapprochements sont en cours. Mais, au-delà des mesures
d’exceptions, l’adaptation du cadre juridique au processus de paix, ici
comme partout ailleurs, est un passage obligé, parce qu’il sera de
moins en moins possible de penser notre vivre ensemble dans un
contexte où des personnes seraient encore pour 10 ou 20 ans ou plus
en prison, pour un conflit dont nous sommes en train de régler les
conséquences douloureuses.

Le temps passe et le temps presse ! Et le temps qui passe exige
l’action rapide : Il faut aller jusqu’au bout des rapprochements et de la
levée des statuts DPS. Il faut libérer Xistor Haranburu, Jakes Esnal, Jon
et Unai Parot (incarcéré à Puerto Santa Maria) qui en sont à leur 30-
ème année de détention. Nous espérons donc que la 5 juillet la décision
de libération conditionnelle de Xistor soit positive. Il faut enclencher les
mécanismes de justice transitionnelle, comme nous l’a dit hier Madame
Taubira.

Vérité, respect, Droits humains, démocratie : C’est sur ces valeurs que
reposera le vivre ensemble et le Pays Basque que nous voulons
construire, entre toutes et tous, et pour toutes et tous.

Biarritz, 08/06/2019